L'artiste ukrainien Nikita Kravtsov et l'artiste française Camille Sagnes Kravtsova sont partenaires dans la vie et dans leur recherche artistique. 

Depuis 2015, ils ont réalisé de nombreuses créations ensemble avec des médiums variés, l'audiovisuel, la peinture et la broderie, afin de donner corps à une critique sociale qui fait ressortir l'absurde. 

L'absurdité est notre réaction au monde qui nous entoure, à la société et à son fonctionnement. L'absurde échappe à toute logique, fait ressortir l'insensé, l'aberrant. Tout peut incarner l'absurde, un comportement, une image... Le monde lui-même devient absurde et cela ne choque plus, tant celà est désormais la règle. Nous marions le travail long et méticuleux de la broderie avec des esquisses nerveuses, expressives et vivaces. Les lignes impulsent un mouvement cinétique, une tentative d'illusion optique, un mouvement court et rapide fixé par l'image brodée. La fusion de deux rythmes opposés - la rapidité du dessin et la lenteur de la broderie - donne naissance à une image en 2D. D'un point de vue métaphorique et philosophique c'est le lièvre qui avance au pas de tortue. Ce qui nous intéresse c'est la relativisation de la vitesse.

Pourquoi la broderie ? Car c'est une technique artisanale, un savoir en passant d'être oublié. La broderie est un ornement décoratif sur un tissu. Pourquoi l'esquisse ? Car c'est l'inachevé, le premier pas, une annotation dans une recherche, la préparation d'une œuvre, tout sauf un produit fini. Le long lent processus de la broderie donne au dessin inachevé sa chance d'émerger. Par le croisement de ces deux techniques ressort le langage absurde qui exprime et illustre notre regard sur le monde. Nous avons également recours à des revues anciennes, des années 20, ainsi qu'à des torchons imprimés, afin de composer des images et donner un sens nouveau à des objets surannés. À travers notre travail nous sommes témoins de la violence et souhaitons transmettre un message contre la guerre, comme dans nos deux derniers clips "la guerre est finie" et " la guerre froide".