Exposition
Tout public / Exposition
A l'horizon des mémoires II
06août
22août
A l'horizon des mémoires II
Galerie de la Cascade 111 route de Conques 12330 Salles-la-Source
Site web
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A l'horizon des mémoires II
Galerie de la Cascade 111 route de Conques 12330 Salles-la-Source
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Le halo des haillons
De la mer vient le monde. D'elle viennent aussi les rêves, le voyage, l'ailleurs. Elle inspire les esprits et transporte les coeurs. Elle s'installe sur les côtes et offre ses richesses. Avec Sébastien Bayet, la mer s'invite dans les pratiques artistiques. Les côtes malgaches entrent dans le processus créatif, pénètrent dans l'atelier de l'artiste. "Une voile qui devient toile". Partir vers un autre horizon.
Voilà ce que propose ces tableaux une nouvelle échappée créatrice. Partir en quête de matériaux, voir dans les gestes quotidiens des matins malgaches un geste initial coudre des bouts de tissus dépareillés, et en faire des voiles de pirogue. Poursuivre cet acte, tendre ces tissus rafistolés, puis peindre. Peindre la mémoire de son atelier. Quand les pièces de tissus dialoguent avec la pièce de vie de l'atelier de l'artiste. Comme des mémoires vivantes, les oeuvres traversent les espaces de travail après avoir traversé la mer, toujours entre Madagascar et la France.
Collecter des chutes de tissus, et mettre les voiles. La matière première est trouvée des anciennes voiles de pirogues malagazy. Un tissu soumis à l'épreuve des éléments. Une étoffe qui traverse l'usure du temps. Un désir de retrouver ce qui dure qu'il est dur ce désir là. Rejoindre le souci des petites choses, en ramassant ce qui est gisant, à terre, ce qui chute. Rencontrer l'humilité des haillons et se lancer le vent en poupe dans un nouage du temps.
Ces assemblages hasardeux, ces patchworks, ces raccommodages, ces rafistolages permettent de retrouver le récit. Rassembler ce qui est devenu épars. Renouer la toile organique de la mémoire des peuples avec ce que l'on a tendance à abandonner. Réveiller ce qui sommeille dans l'inutile, l'oublié, le chiffon. Voir dans la petitesse des vieilles guenilles un gonflement de sens et de sensations. Les loques deviennent éloquentes elles disent les petites sensations de l'atelier et des gestes artistiques.
Les voiles de Malagazy se nouent sur un nouveau mat, contentent une nouvelle proue l'abstraction d'abord, la peinture figurative ensuite. Sébastien Bayet ouvre le chiffonnier et met tout à plat sur la toile. Les différents tissus se chevauchent, sont cousus, ou collés nous aimerions les croire indéfectibles, ils réunissent les diverses perceptions, fruit du travail artistique. La pièce de tissu renvoie directement, par sa couleur et sa matérialité, à des dimensions olfactives.
Au fond de cette expérience perceptive la mer toujours, et la vie insulaire. Les tâches d'huile révèlent ce que la toile a traversé. Sur la mer d'abord comme voile, sur la plage ensuite comme nappe, puis comme matière sublimée, comme matériau artistique. Passer d'outil de navigation à ustensile de cuisine pour s'éterniser sur les toiles de Sébastien Bayet. Faire perdurer l'innocence des bouts de tissus usés, tachés, pour que notre oeil s'y perde et s'abandonne à la contemplation.
La synesthésie opère, les assemblages de tissus retrouvent une atmosphère générale. La mémoire de l'atelier par le souvenir et la présence permanente de ses odeurs. Cet espace est central l'atelier est partout. Abstraitement par les formes, couleurs, tâches, usures, coutures, et figuré petitement, comme sur un timbre, par la peinture à huile. La vie de l'atelier vient se ramasser, se concentrer sur les toiles. D'abord par les petites sensations que les tissus véhiculent puis par les traits fins dessinant l'atelier et sa lumière.
La lumière demeure la source, elle organise le visible et nourrit la toile en offrant sa profondeur. L'atelier est l'espace personnel de l'artiste, son espace principal. Le seul site qui peut lui offrir une identité. La toile devient une fenêtre sur l'intérieur. Une ouverture sur ce qui se concentre dans l'intime. Une amorce sur ce qui se noue au dedans de nous-mêmes. Une déchirure retrouvant une unité. Ce que nous sommes et ce que nous devenons au travers de nos vies. Unis dans nos failles et permanent dans nos propres entités.
Comme un éloge de la faiblesse, comme un dieu qui s'abaisse. Dieu s'est fait homme, et l'art sublime son haillon. Dans cet abaissement fondamental, la création devient l'humilité. Nous retrouvons la simplicité et la modestie de la matière réutilisée. Ce qui était préalablement sans valeur devient valeur suprême, force artistique. Parcourir les toiles en portant au coeur la sagesse des choses. Ne jamais oublier que ce qui nous paraît insignifiant et pauvre constitue en réalité les trésors de notre mémoire et de notre intimité.
Perez François Xavier
A l'horizon des mémoires II
Du dimanche 29 juin 2025 au vendredi 22 août 2025
samedi et dimanche de 14 h 30 à 18 h ; juillet et août : du jeudi au dimanche de 14 h 30 à 18 h
Gratuit
Ancien Hospice Parking P2
12330 Salles-la-Source
E-mail : info@galeriedelacascade.com
Site web : www.galeriedelacascade.com
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