J'ai commencé le plus simplement du monde, c'est à dire comme tous les enfants sur une table ou allongé sur le sol un crayon en main, rien de plus banal mais, là ou mes copains d'école et voisins ont arrêté de crayonner pour jouer au foot, moi j'ai arrêté le foot et j'ai continué le dessin. Comme j'avais une fâcheuse tendance à beaucoup m'ennuyer, le dessin pouvait parfois me sortir de ma mélancolie.

Enfant, les déjeuners de famille étaient l'occasion pour mes parents, oncle, tante, de relater des récits de la guerre 39-45. J'appris alors, que ma mère et les gens du village allaient se cacher dans les bois pour fuir les troupes ennemis qui remontaient vers le nord. Ils incendiaient les maisons qui se trouvaient sur leur passage. J'appris aussi, que j'avais un grand oncle, figure du Rouergue, résistant sous l'occupation, qui fut arrêté et torturé par la gestapo, puis assassiné d'une balle dans la nuque sans avoir dénoncé un seul de se camarades. Je subissais ces récits angoissants sans discernement, j'absorbais la noirceur des mots que je mettais mentalement en image. Dés lors, j'ai développé une extrême sensibilité, pour tout ce qui a rapport au côté sombre de l'existence. Je pense que le déclic s'est fait à l'école car je me suis rendu compte au vu des remarques positives qui m'étaient adressées que, j'étais visiblement plus doué pour le dessin que pour les matières générales qui elles m'intéressaient peu.

J'utilise l'acrylique, l'encre, le brou de noix, la colle... Rien de bien extraordinaire. Mais en clair, il y a une notion  importante qui guide mes choix, c'est le prix ! J'aime aussi faire avec ce que j'ai, sans avoir à aller à droite et à gauche pour me procurer ce que je n'ai pas et qui me faciliterai peut-être la tâche mais qui me ferait surtout perdre un temps précieux et le fil de mon envie. Depuis quelques temps, l'encre de chine est ma matière de prédilection. En ce qui concerne les supports, j'ai une préférence pour le papier mais aussi, le bois. Je me laisse guider par mes émotions, et ce n'est pas rien ! Je bénis le ciel de ne pas être un mec tranquille ce qui me donne matière à créer. Comme je ne peux pas échapper à certains tourments qui me tenaillent et me tiraillent parfois, je les utilise si je ne suis pas trop accablé. La tranquillité d'esprit est pour moi une illusion qui de toute façon, ne me servirait à rien. Je ne suis peut-être pas plus traversé et même beaucoup mois que d'autres par la révolte et la souffrance mais je ressens avec puissance 10 ce qui me fait mal. Par contre, je ne fais aucunement l'apologie de la souffrance qui rend créatif, c'est une connerie tout comme cette quête subite du bonheur à tout prix qui semble mobiliser toutes les forces de notre société, et qui te donnerait le sourire face à tous les événements de la vie. Je fais avec ce que je suis, avec mes doutes et mes préoccupations. J'ai eu ma période romantique en référence au romantisme allemand avec des paysages sombres et mélancoliques, qui sont devenus plus incisifs par la suite. Si j'ai toujours été sensible aux oeuvres qui évoquent la cruauté plus que la joliesse, c'est qu'il y a là une beauté qui n'est pas évidente du premier coup d'oeil mais qui est à mon sens plus profonde et authentique. C'est une chose que l'on ressent et qui se voit dans la facture même de l'oeuvre. Mes sources sont la vie !