Le travail photographique de Sylvain Lagarde a cette particularité d’être assez protéiforme et de dépasser les clivages génériques : de la traditionnelle photographie dite humaniste et photographie plus conceptuelle tendant à l'abstraction, en passant par la photographie de paysage, il s’empare des genres pour tenter de trouver un regard incident sur les choses et les hommes ; ce dont il s'agit dans l'image, c'est ainsi, par le détour du cadrage, de la composition et des jeux avec la lumière, et au delà des sujets photographiés, de donner l’occasion au réel de laisser filtrer sa part de mystère, et à chacun l’opportunité d’écouter ces paroles implicites pour tenter d’interpréter, à travers le prisme, visuel le monde. La photographie de Sylvain Lagarde est ainsi, à sa manière, l’exploration visuelle d’un paradoxe affectif qui repose sur tant une angoisse du vide qu’une fascination pour celui-ci face à un espace qui devient étrange, mis à distance et par là, étranger, et qui nous fait nous poser insidieusement cette dangereuse interrogation : « qu'est-ce que je fais là ? ». De la photographie de l’autre (photographie de rue ?) à la photographie du rien (la photographie abstraite ?), il est invariablement question d’ « une espèce de quête du lieu acceptable » (Depardon). Sylvain Lagarde est un jeune photographe français spécialiste du noir & blanc, discipline pour laquelle il a été primé de nombreuses fois (Grand Prix SFR Jeunes Talents, Bourse du Talent, Bourse Olympus). Depuis 2006, ses photographies ont été exposées dans plusieurs villes françaises et ont été publiées dans de nombreux magazines.