Un critique d’art a décrit Joep Ver récemment après une exposition comme un alchimiste moderne. Cette signification pour le travail de Joep Ver n’est pas suffisante, ni litterale, ni métaphorique.

Elle implique toutefois bien deux aspects centraux dans l’oeuvre de l’artiste ; la notion se réfère premièrement à la pratique des procédures chimiques qui se trouvent au fondement d’un grand nombre de travaux, de l’autre côté elle se réfère à des associations plutôt médiévales et les images qui fonctionnent dans cette cohérence apparaissent dans les travaux de Joep Ver. Les deux aspects doivent être approfondis ensuite. L’exposition comprend les pièces récentes et celles des ans précèdentes. Pour accentuer le caractère d’une série toutes les toiles ont le même format de 140 x 210 cm.

Les travaux de 1990 ont notamment été basés sur les processus chimiques, ceux-ci ont été réalisés par les oxydations et les réactions chimiques. Bien que ces processus soient voulus consciemment, aient été accompagnés et controlés par l’artiste et plus tard fixés jusqu’au résultat souhaitable, ceux-ci signifient une méthode de travail ‘non-peignant’, c’est à-dire que l’artiste veut le moins possible intervenir, tandis que le résultat ne peut pas être entièrement de l’occurence; ceci est ce que Joep Ver veut accentuer ; le tableau se peint lui même.

De l’autre côté Ver fonctionne de façon traditionnelle : Un tableau sous-titré : ‘Acheiropoeitos’ (grec : pas fait par les mains d’homme) consiste en l’obtention de la couleur ambivalente bleu/vert, qui surgit en laissent passer une partie de la toile oxydée et en laissant simplement au dessus et en dessous deux bandes de la substance cuivre dans la peinture intacte. La peinture réelle se trouve dans la structure qui a été apportée dans l’acrylique sous-jacente qui n’est pas attaquée par la reaction chimique.

On peut parler de l’opposition du projet pour caracteriser la méthode de travail de Joep Ver. La relation de la peinture et de la chimie, de la main de l’artiste et de la main de la chimie n’a jamais été entamée univoquement. L’ambivalence apparemment entre le sculptural et le pittoresque, est aussi tenue consciemment dans le travail de Joep Ver. Il est diffi cile de retrouver de quelle manière la superficie de son travail est realisée.

Cela porte à conséquence ; pour Ver la theorie et la méthode ne sont jamais le thème de son art. Son travail ne veut pas être expliqué de façon conceptuelle, intellectuelle, ni anecdotique. Pour lui il est important que l’experience visuelle marque. Il pose la question s’il est possible de provoquer la capacité du contemplateur à ce que la matière et la peau d’image déviennent immatérielles ; que l’image soit valable et le matériel reste non pertinent. Presque toutes les oeuvres de cet artiste se sont traduites par un penchant pour l’indétermination et l’invisible, mais toujours esthétiquement traduits, et comme particulierement autonome.

A cet égard il est frappant que Joep Ver fait des usages multiples des materiaux qui étaient en vogue au moyen âge, dans l’art de la typographie, les décorations ecclésiastiques, toujours essentiellement dans le contexte chrétien-religieux, et peut-être pour cette raison attachées à des notions empruntées ; les icônes, l’or et argent de feuille dans la typographie, cuivre dans l’architecture, les rouges profonds dans le costume ecclésiastique, et les bleus intensifs dans la peinture.

Selon l’artiste il n’est pas son intention de délimiter à titre définitif d’un concept de ces matériaux, et encore moins de le lier directement au moyen-âge, il approche et il utilise aussi les matériaux qui n’ont pas existé à l’époque, comme l’aluminium et le poly-uréthane.

C’est pourtant le choix du matériel étrange, même quand ceci arrive inconsciemment, qu’on peut mettre en rélation avec le déboutement de l’artiste des approches théoriques, de son affinité avec l’indéterminable, l’inexplicable, et l’intuition, mais bel et bien perceptible. Ce sont les cadres de la pensée qui font son inconsequence méthodique plausible et évidemment celles-ci trouveraient davantage leur place dans le mode de la pensée du moyen-âge que de notre temps.

Sur cet arrière-plan, l’etiquette ‘alchimiste’, gagne pourtant la signification de valeur émotionelle. Christiane Lange-Castenow