Onguents de verre, poudres de silice, fards d'oxydes naturels, parures d'or ou de cuivre, lentement, j'apprête les livres abandonnés pour leur crémation. 

Étrangement, le fruit de l'accouplement improbable de ces ennemis ancestraux ressemble à de l'écorce. Expression du désir profond des livres de retourner à la forêt ou tour de magie qui engage le feu à leur donner ce qu'il vole aux arbres ? 

Mon travail prend la forme d'une archéologie du futur. Il soulève autant la question de l'illusion (ce que l'on voit, ce que l'on interprète, ce qui est) que celle du renouvellement circulaire de la matière... Allégorie de l'impossible retour et déclaration d'amour à la nature sauvage, cette troublante matière nous interroge sur notre rapport aux livres, à leur gaspillage et à leur destruction. L'étonnante métamorphose des livres en écorces nous offre l'espoir d'une émouvante transcendance...