La peau et les mots sont les vecteurs initiaux de l’art exercé par Christophe Liron depuis son plus jeune âge. A Millau, cité gantière où il a grandit et vit à présent, on ne dit pas « le cuir », on dit « la peau »... Il s’agit donc pour lui de jouer plus finement, plus subtilement avec une surface sensible qui se fait support de poésie écrite ou sculptée, protection ou interface. Tout à la fois guetteur et quêteur de sens, un peu chamane, il a déjà tiré du néant tout un peuple d’abîme et de peau, les fameux Mustoff’s, poupées de vide montées comme des tipis d’inanité à la face du monde, élaborés et confectionnés en France puis pour partie au Maroc où ils a fait école avant de s’en réapproprier le « faire »... Ainsi naissent essentiellement des œuvres en 3 dimensions ; ses livres même se font « objets », ses personnages se statufient souvent autour du vide, ses tableaux deviennent généralement volumes : petits théâtres d’une rencontre improbable d’objets dans le « cadre » de singulières histoires qu’il connaît par cœur et d’avant, et qu’il nous raconte, faisant ressurgir un patrimoine commun oublié ou prémonitoire,lequel vient souvent remettre en cause les destinées même comme autant d’infinis que la vie se plairait à transformer.

Parfois conjuguées en installations dilatées dans l’espace, ces associations précieuses et brutes d’objets sensés et fragments agencés puis façonnés parlent toujours un langage aux signes intarissables. Christophe Liron est un traducteur de l’invisible qu’il enchâsse avec bonheur et de manière intemporelle dans la matière. Sa galerie-jardin offre un écrin idoine au déploiement de son œuvre.

Depuis 1986, Christophe Liron, autodidacte, a exposé régulièrement en France et à l’étranger ; depuis quelques années, il privilégie un recentrage volontaire sur des actions locales et très récemment, un déploiement de ses œuvres dans un lieu unique, une éco-galerie dans un jardin, à Millau où il invite aussi ponctuellement d’autres artistes à partager l’espace.

La photographie de la galerie représente une sculpture en soit, en effet, composée à 80% de matériaux de récupération, cette éco-construction est une œuvre à part entière… construite dans un jardin, on peut y pénétrer et elle en contient d’autres (jardins)… qui sont quelquefois elles-mêmes des minis jardins-galeries (principe de la mise en abîme…).