Le projet sculptural participe, ici, à la fois d’une ostéoplastie et d’une ostéologie, tant l’os est questionné pour mieux nous interroger et interroger la sculpture elle-même. Appréhendé dans différentes acceptations tant matérielle, formelle, fonctionnelle, historique, préhistorique que symbolique, l’os, non transformé, joue comme élément structurel et métaphorique. En le combinant et en le confrontant à l’acier, selon des constructions géométriques simples où les procédés d’assemblage sont laissés apparents, l’artiste opère objectivement et méthodiquement la greffe du naturel et de l’artificiel. La sculpture est donc pensée sur le mode de l’armature squelettique, de l’ossature, centré sur la problématique des articulations de la matière. Inscrite au confluent du constructivisme et du minimalisme, l’entreprise sculpturale voit, cependant, la rationalité et la dépersonnalisation de son économie formelle, de sa fabrication, contrariées par la forte charge émotionnelle de l’os. De fait, soumis au principe de quantité ou de répétition, l’os n’en perd pas pour autant son identité, sa dimension macabre. Le propos de l’artiste s’ancre dans ce décalage, cette contradiction, cette impossible désaffectation, ce détournement inopérant, faisant de la sculpture l’emblème implicite de la mise en échec du fantasme de maîtrise et le signe du retour du refoulé.